Vendredi 14 octobre, entre les quatre murs de la salle dans laquelle se trouvaient nos étudiants en deuxième année de Mastère Manager des Ressources Humaines et des Relations Sociales, la parole était ouverte sur une notion fondamentale en entreprise. L’engagement des collaborateurs !
C’est à Charlène Le Chartier, professionnelle aguerrie dans son domaine, qu’est revenue la mission d’intervenir face au public de l’ISME La Rochelle le temps de cette journée. Son expérience en dit long sur sa connaissance du milieu et a permis d’offrir à nos apprenants une vision plus concrète des réalités de terrain. La semaine s’est donc clôturée sur un débat constructif pour cette promotion.
Armés d’intérêt et de curiosité, nous avons également voulu en savoir plus sur le contenu de cet échange thématique.
ENTRETIEN AVEC UNE SPÉCIALISTE DES RH
Avant de rentrer dans le vif du sujet, pourriez-vous revenir brièvement sur votre parcours ? |
J’ai tout d’abord obtenu un Master Management des Ressources Humaines à l’IAE de Rennes en 2007 et ai pris la décision de partir 6 mois à Vancouver afin de perfectionner mon anglais. Entre 2008 et 2019, j’ai eu la chance d’évoluer au sein du Groupe Vinci dans lequel j’ai débuté en tant qu’Assistante de Développement des Ressources Humaines pour devenir par la suite Responsable des Ressources Humaines. Mes nombreuses missions, notamment sur une dimension internationale, m’ont permis de vivre des années très enrichissantes et d’avoir une vue d’ensemble du métier. En 2019, j’ai quitté Paris pour rejoindre la MAIF (missions opérationnelles puis accompagnement à la conduite du changement) et ai intégré Alstom sur le site de La Rochelle en avril 2022.
Pourquoi avoir choisi de vous spécialiser dans les Ressources Humaines ? |
Je suis issue d’une famille cosmopolite (d’un point de vue professionnel) et ai baigné dans différents univers et secteurs d’activités. J’ai notamment pu voir le temps que l’on pouvait passer au travail et l’impact que ça pouvait avoir dans une famille. Très rapidement, j’ai compris que l’épanouissement dans son milieu professionnel était indispensable et que le travail pouvait être source d’enrichissement. Tel un déclic, j’ai voulu aider les autres à se sentir bien dans leur entreprise, leur offrir un cadre respectueux, un environnement paisible et contribuer à leur employabilité. Ma mère était très à l’écoute, ce qui m’a peut-être permis d’avoir cette même disposition et d’être sensibilisée à l’empathie.
Quelle importance accordez-vous aux interventions auprès des futurs collaborateurs du secteur ? |
En réalité, c’est la première fois que j’interviens auprès d’étudiants. J’avais depuis longtemps envie de le faire, de retourner sur les bancs de l’école. Il est toujours intéressant de voir ce qui est inculqué, quelle vision ont les enseignants, la façon dont réagissent les élèves/étudiants et leur faculté à s’emparer des sujets d’actualité. Il s’agit d’un moyen concret de transmettre, partager une expérience, donner des conseils que j’aurais apprécié avoir à la sortie de mes études. Cela est une façon de promouvoir le milieu de l’entreprise et montrer le champ des possibles aux salariés et managers de demain. Ainsi, ces interventions sont importantes car il est nécessaire de les armer, les guider puisque ce sont des métiers riches et en constante évolution.
Quels axes avez-vous choisi d’aborder lors de cette présentation ? Pourquoi les considérez-vous importants ? |
J’ai tout d’abord voulu démontrer l’impact d’une politique RH active sur le plan économique d’une entreprise et le poids d’une expérience employé réussie.
J’ai ensuite choisi d’aborder la notion de durabilité qui me semble majeure. Il est nécessaire d’être réaliste sur la construction d’une vraie démarche à déployer au sein des entreprises. Le rôle des fonctions RH est d’instaurer un climat de confiance notamment au travers du cadre social que ce soit pour l’employeur, le manager ou le salarié. Communication et transparence en sont les maîtres-mots !
Par des actions de recrutement, de promotion, d’évolution, notre travail permet de diversifier les compétences, ce qui apporte de la mouvance dans les organisations et alimente une culture collective. Nous devons GUIDER / CONSEILLER / FORMER les managers mais aussi les outiller pour qu’ils réussissent à mieux se positionner par rapport à ce qui peut leur être demandé, notamment dans un contexte de changement.
Dans nos métiers, nous nous devons de rester éveillés tant à l’égard des jeunes comme des anciennes générations afin de ne léser personne et percevoir les besoins, à tous les niveaux. Ce sont ces considérations qui alimentent le « mieux commun », dès lors qu’elles sont empreintes d’un juste équilibre entre inclusion, bienveillance et respect.
Quels sont les leviers d’actions pour renforcer l’engagement ? |
Il est d’abord question d’installer une culture sociétale éthique. Il est indispensable de veiller au respect des conditions de travail de chacun par rapport au cadre réglementaire afin de les aider à se sentir bien, écoutés, épaulés, accompagnés.
L’employabilité est également un axe majeur, notamment à l’heure où les salariés veulent davantage de libertés. Il est ainsi nécessaire de composer avec cette évolution des visions, des mentalités. Certains ne se retrouvent plus à travers la culture de leur entreprise et voudraient voir de nouveaux horizons mais n’osent pas franchir le cap par sécurité économique. Ainsi, il est à nous de réfléchir à un plan d’action pour leur permettre d’être employables et de prendre la pleine mesure de leurs atouts.
Le dialogue social est aussi un aspect fondamental, la clé d’un bon fonctionnement car différentes parties prenantes font partie de ce même écosystème que représente l’entreprise. Il est important qu’il y ait une considération égalitaire de tous les acteurs avec lesquels nous collaborons, c’est ce qui crée une culture de travail comme de management et qui donnera envie aux salariés de rester, de s’investir.
L’enjeu du offboarding est aussi crucial et il est du rôle des RH de bien accompagner les collaborateurs pour ne pas provoquer de blessures, de frustrations ou de colère qui pourraient se ranimer à tout moment de leur vie professionnelle.
Les dispositifs d’évaluation déployés auprès des collaborateurs aident aussi au « mieux être » dans les structures. Le fait de mesurer la satisfaction de manière régulière permet de libérer la parole, d’aider les salariés à oser dire les choses et aux managers d’oser écouter et d’oser entendre.
Qu’avez-vous pensé de votre intervention auprès des étudiants de l’ISME ? |
J’ai le sentiment qu’ils ont pris l’ampleur du sujet à plus grande échelle. Ils avaient des propositions pertinentes, des suggestions à faire. Nous avons beaucoup abordé la nécessité de se mettre à la place de l’autre, s’autoquestionner sans cesse, ce qui était très intéressant pour moi au regard de leur façon de penser, différente des publics auprès desquels j’interviens habituellement. Ils mesurent désormais l’importance de comprendre par eux-mêmes leurs propres moteurs d’engagement, l’enjeu d’identifier leurs facteurs de motivation, ce qui les pousse à s’investir dans leur entreprise.
Avez-vous un conseil à donner à tous nos étudiants qui souhaitent intégrer le domaine des ressources humaines ? |
Je préconiserais d’aller se confronter à la différence, d’explorer d’autres cultures afin de mieux comprendre les autres. Il est indispensable d’éveiller sans cesse sa curiosité, de s’enrichir de nouvelles rencontres afin de s’octroyer des clés de lecture sur des influences diverses : sociales, sociétales, environnementales, économiques. Le fait d’avoir plusieurs angles de vue permet, surtout dans notre quotidien professionnel, d’avoir plus de facilités à cerner un problème et à comprendre ses causes, arme solide notamment dans le cadre d’une gestion de conflits. Il nous revient d’analyser les différents « langages » de nos parties prenantes et de les aider à mieux s’entendre. Un seul conseil : l’ouverture aux autres, au monde est un vrai facteur de réussite !
Nous sommes évidemment ravis que le « retour sur les bancs de l’école » de Charlène Le Chartier se soit fait au sein de l’ISME et d’avoir pu en faire profiter nos étudiants. Ils ont ainsi eu la chance d’avoir un retour d’expérience concret et déterminant pour leur avenir professionnel. En espérant qu’ils puissent mettre en application tous les bons conseils prodigués par cette professionnelle !
Par Louise Garro
Chargée de communication