Périgny, le 13 avril 2023.
Chères lectrices, chers lecteurs,
Ces quelques mots sont rédigés depuis un bureau situé 2 rue Joseph Cugnot, à Périgny (en Charente-Maritime, juste aux portes de La Rochelle). Ils ont pour vocation de vous raconter une simple et bienveillante parenthèse. De façon limpide, synthétique et concise (sur ce dernier point, il s’agira d’essayer). Pour vous aider à souffler, cette lettre ouverte est organisée en plusieurs parties. Vous avez donc tout à fait le droit de marquer des temps de pause. En plus, nous n’en saurons rien car nous n’avons pas encore le pouvoir de voir à travers un écran (méfiez-vous, les choses évoluent très vite).
Petit 1. Mise en contexte
Tout est parti d’un cours de soutien de français. Soit, mais comment a-t-il pu basculer dans un EHPAD ? Nous y venons !
Patricia est intervenante en anglais. En bonne amoureuse des mots, il n’y a pas que la langue de Shakespeare qui la fascine. Et Molière dans tout ça ? Pas de jaloux, elle l’apprécie tout autant. « Of course » même car pour celles et ceux qui la connaissent, il est inutile de préciser qu’elle n’est pas du genre à faire des différences.
Au cours de l’année, son rôle a donc été d’aider tous les étudiants en première année de BTS à s’améliorer. Syntaxe, orthographe, conjugaison ; le programme a été entièrement pensé pour que tous les fondamentaux soient revus. Vous l’aurez compris, Patricia est un peu le Voltaire de l’ISME (jamais deux sans trois, nous avions déjà cité deux grands personnages juste au-dessus. Même trois, si l’on compte Patricia). Lors de ses séances, on a inventé, on a imaginé, on a adapté, on a formulé, on a [ré]inventé, on a [re]formulé, bref, on s’est entraîné. Apprendre par la pratique ; encore et toujours.
Petit 2. La genèse de cette sortie (pédagogique mais pas que)
Le lundi 20 mars, la classe de BTS Communication participe à son dernier cours de soutien. D’une réflexion dans l’espace pédagogique naît une idée. Celle d’écrire mais en apportant un autre sens : plus grand, plus large. Écrire une histoire : déjà fait ; la dictée : aussi… et une lettre ? Une vraie, à la main, qui n’aurait pas pour seul objectif de s’exercer à ne plus faire de fautes mais qui aurait cette visée différente. Plus humaine, plus solidaire. N’inventons rien, inspirons-nous de projets déjà initiés par d’autres. Comme celui de l’association « 1 lettre 1 sourire » ? Par exemple !
[Voyons maintenant avec les principaux concernés ce qu’ils en pensent]. La consigne initiale était claire : « Dans le cadre de cette dernière séance, nous vous proposons de rédiger des lettres à destination de publics seniors hébergés en établissement spécialisé parfois victimes de rupture sociale (voire trop souvent à notre goût). Il s’agit de parler de vous, évoquer des anecdotes personnelles, livrer un brin d’affection au travers de quelques mots… ».
En somme, l’imagination en était le maître-mot ! Le volontariat aussi. Il n’était nullement question d’imposer à nos étudiants cet exercice… Il n’est pas simple d’oser se confier, il faut surtout choisir de le faire ! Armés d’enthousiasme (et de leur plume) ; ils ont été 12. Douze à accepter de parler d’eux, de leurs traits de caractère, leurs histoires, leurs origines. Patricia a ainsi collecté l’ensemble des papiers, a relu et a corrigé (promis, de minces petites coquilles).
Petit 3. Le cœur du sujet : la sortie
Alors voilà, nous y sommes. Bien sûr, nous aurions pu décider d’envoyer ou de déposer ces écrits dans une structure en espérant qu’ils soient lus un jour. Vous êtes d’accord, l’authenticité aurait été rompue ?! Et puis, qui de mieux placés que les propres rédacteurs de ces courriers pour les incarner et les faire vivre… Ainsi, ce 12 avril, direction l’EHPAD Port Neuf de La Rochelle pour rencontrer Sylvie (accompagnée de ses résidents naturellement). Elle est « Animatrice Coordinatrice » et est dans le camp de ceux qui défendent activement le lien intergénérationnel. Nul besoin de préciser qu’elle n’a pas boudé son plaisir de pouvoir participer elle aussi à cette action.
Petit 4. « Le clou du spectacle » : l’atelier lecture
Anaïs, Inès, Leïla, Léonie, Lisa, Lisa encore, Maëlys, Marie et Matéo ; ce sont eux qui ont accepté d’être les porte-parole de leur promotion. Non sans prétention mais simplement car ils avaient la profonde envie de rencontrer les destinataires de leurs courriers. En réalité, ils appartiennent tous les neuf au même camp que Sylvie. Vous savez, celui qui soutient le mélange des âges. Pour eux, passer du temps avec leurs aînés est une vraie chance. Beaucoup avaient déjà eu l’occasion de franchir la porte d’un établissement pour seniors. Ils n’imaginaient simplement pas le faire un jour pour lire des lettres à voix haute… LEURS lettres qui plus est ! La journée a décidément apporté son lot de « premières fois ».
À 15h précisément, ils étaient quinze participants à s’être installés en cercle pour assister à l’atelier. Ou à cette « vague de jeunesse » pour reprendre leurs termes. Attentifs, participatifs, curieux et surtout très intéressés par les différents récits de nos apprenants, les conteurs d’un jour. Nous ne pourrons rien vous confier, ce qu’il s’est passé entre les quatre murs de la structure y restera. Nous pouvons au moins vous révéler que de nombreuses passions, des voyages, des anecdotes ont fait écho. L’objectif était atteint : partager des expériences, raviver des souvenirs et créer du lien. En toute simplicité !
Voilà, au lendemain de ces rencontres, nous avons tous retrouvé notre quotidien. À la seule différence que nous avons davantage d’images en tête. Elles n’ont pas d’âge, elles sont seulement empreintes de belles histoires.
Nous allions oublier, nous vous joignons aussi quelques photos qui pourront vous permettre de transposer l’instant et de le vivre à votre manière.
À très vite.
Vous aurez donc compris le « pourquoi » de ce format d’actualité. À l’instar de nos étudiants, nous souhaitions nous aussi vous adresser un courrier. Simplement pour vous traduire ce qu’il s’est passé sur notre campus.
Dans un mois, le 11 mai, ces mêmes apprenants quitteront l’école pour quelques semaines avant de revenir pour vivre leur deuxième année à nos côtés. Nous avons déjà hâte de vous écrire une prochaine lettre, celle dans laquelle nous vous raconterons comment ils ont brillamment obtenu leur diplôme.
Par Louise Garro
Chargée de communication